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ãÔÇåÏÉ ÇáäÓÎÉ ßÇãáÉ : Est-ce que la Hijrah est une obligation ou une Sounnah ?


ÈäÊ ÚÈÏ ÇáÑÍíã
10-15-2014, 09:53 PM
Est-ce que la « Hijrah » est une obligation ou une « Sounnah » ?
Et quelles sont les conditions afin de résider dans un pays non musulman ?



Al-’Allâma SHeikh Ibn ’Uthaymîn & al-Lajnah ad-Dâ-ima





Question :
Est-ce que la « Hijrah » est obligatoire [Wâdjib] ou simplement une Sounnah ?

Réponse :
Certes la « Hijrah » [1] est une obligation sur tout croyant qui n’a pas la capacité de manifester sa religion dans un pays non musulman. Et son Islâm n’est pas complet tant qu’il est dans l’impossibilité de manifester [sa religion], et cela jusqu’à ce que [la personne] accomplisse la « Hijrah ». Et la chose qui rend [la Hijrah] obligatoire et elle-même obligatoire. Et cela est comme la « Hijrah » des musulmans de la Mecque vers l’Abyssinie, ou de la Mecque vers Médine [...] [2]

Question :
Qu’en est-il de résider dans un pays non musulman ?

Réponse :
S’installer [al-Iqâmah] dans un pays non musulman est un grand danger quant à la religion du Musulman, pour sa moralité [al-Akhlâq], sa conduite [as-Souloûk] et son éthique [Adâb]. Nous avons pu témoigner ainsi que d’autres de ceux qui sont partit [dans ces pays], ils sont revenus comme pervertis [Fâsiq], et d’autres parmi eux sont revenus en ayant apostasié leur religion et en ayant mécru en celle-ci comme en toute autre religion - Et nous cherchons refuge auprès d’Allâh - jusqu’à nier complètement et à se moquer de la religion et de leurs gens, passés et présents. Et c’est la raison pour laquelle nous devons prendre des mesures afin de protéger contre de telles choses, et poser des conditions afin d’empêcher les gens de suivre ce chemin de passions [Hawa] qui mène à la destruction.
Afin de résider dans un pays non musulman, il faut impérativement respecter deux conditions :

1/ La première condition :

Que le résident soit ferme dans sa religion, afin qu’il ait assez de science [al-’Ilm], de foi [al-Imân] et de pouvoir pour adhérer fermement à sa religion tout en se méfiant de dévier ou d’aller hors du droit chemin, et qu’il ait une attitude d’aversion et de ressentiment à l’égard du mécréant [et de la mécréance en générale] en n’éprouvant pas d’amitié à leur égard, ni d’amour, car les considérer comme alliés et les aimer sont des choses qui contredisent la foi [al-Imân].
Allâh - Ta’âla - dit :

« Tu n’en trouveras pas, parmi les gens qui croient en Allâh et au Jour dernier, qui prennent pour amis ceux qui s’opposent à Allâh et à Son Messager, fussent-ils leurs pères, leurs fils, leurs frères ou les gens de leur tribu. » [3]

Et Il - Ta’âla - dit :

« O vous les croyants ! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens ; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Allâh ne guide certes pas les gens injustes. Tu verras, d’ailleurs, que ceux qui ont la maladie au cœur se précipitent vers eux et disent : « Nous craignons qu’un revers de fortune ne nous frappe. » Mais peut-être qu’Allâh fera venir la victoire ou un ordre émanant de Lui. Alors ceux-là regretteront leurs pensées secrètes. » [4]

Et il est authentiquement rapporté dans le « Sahîh » que le Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) a dit : « Quiconque aime un peuple, en fait partie, et l’homme sera avec celui qu’il aime. »
Aimer les ennemis d’Allâh est un des dangers les plus graves pour le musulman, parce que les aimer implique d’être en accord avec eux et les suivre, et à être moins engagé dans le fait de ne pas les dénoncer, d’où le Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) a dit : « Quiconque aime un peuple, en fait partie »


2/ La deuxième condition :

Qu’il soit capable de pratiquer sa religion ouvertement [Idhhâr dinihi], afin qu’il puisse observer les rituels de l’Islâm sans interdiction. Qu’il n’ait pas de gêne à pratiquer la prière en groupe, de prier le « Djumu’ah » [prière du vendredi] et de faire les prières en groupes [al-Djamâ’ah] s’il y a là d’autres personnes avec qui il peut prier en groupe et célébrer le « Djumu’ah » ; Et qu’il n’est pas d’interdiction à donner la « Zakât » [L’impôt obligatoire], à pratiquer le jeûne, à faire le Hadj [Le pèlerinage] et autres rituels de l’Islâm. S’il n’est pas capable de pratiquer cela, alors il ne lui est pas permis de rester [dans ce pays], et il devient obligatoire pour lui d’émigrer [Hijrah] dans ce cas. Il est dit dans « al-Mughnî » [5] vol-8 p.457 une parole sur le sujet, que les gens sont de trois catégories pour la « Hijrah » : « Et que la première [de ces catégories] est qu’il est obligatoire [pour la personne] d’appliquer [l’émigration] lorsqu’elle n’a pas la capacité de pratiquer sa religion ouvertement, et qu’il ne lui est pas possible ainsi d’accomplir ses obligations religieuses quand celle-ci réside parmi les non musulmans. Cela est donc obligatoire [pour la personne] de faire la « Hijrah » selon la parole d’Allâh - Ta’âla :

« Ceux qui ont fait du tort à eux-mêmes, les Anges enlèveront leurs âmes en disant : « Où en étiez-vous ? » [À propos de votre religion] - « Nous étions impuissants sur terre », dirent-ils. Alors les Anges diront : « La terre d’Allâh n’était-elle pas assez vaste pour vous permettre d’émigrer ? » Voilà bien ceux dont le refuge est l’Enfer. Et quelle mauvaise destination ! » [6]

Et cela est un dur châtiment qui indique l’obligation [al-Wâdjib]. Et certes l’obligation dans l’accomplissement de sa religion et une obligation qui s’impose à qui en est capable. La « Hijrah » fait partit des nécessités obligatoire et de ce qui le complète. » [...] [7]

Question :
Quand une personne est dans l’incapacité d’assurer sa propre sécurité et celle de sa foi devant les dissensions [fitnah] qu’elle rencontre dans son propre pays, est-ce que cela est une raison qui oblige la « Hijrah » [l’émigration] pour le musulman ? Et où doit-elle émigrer ?

Réponse :
Si la réalité est telle que vous l’avez rappelé et que le musulman n’a plus la possibilité d’assurer la sécurité de sa propre personne et celle de sa religion face aux dissensions qui agitent son pays, la Loi [ach-Charî’ah] lui permet de faire « Hijrah », quant il en a la possibilité, pour un pays où [cette personne] se trouve en sécurité pour sa personne et sa religion. [8]



Notes :

[1] La « Hijrah » [l’émigration] dans la Loi Islamique [ach-Charî’ah], c’est le fait de se déplacer d’un pays non musulman [Balad al-Kufr] pour un pays musulman [Balad al-Islâm].
[2] Kitâb « Charh al-Arba’în an-Nawawiyyah » de SHeikh Ibn ’Uthaymîn, p.16
[3] Coran, 58/22
[4] Coran, 5/51-52
[5] Ouvrage « al-Mughnî » de grande référence dans la jurisprudence de rite hanbalite, de l’Imâm Ahmad Ibn Muhammad Ibn ’Abder-Rahmân Ibn Qudâma al-Maqdissî.
[6] Coran, 4/97
[7] Madjmu’ Fatâwa de SHeikh Ibn ’Uthaymîn, vol-3 p.25
[8] Fatâwa Al-Lajnah Ad-Dâ-ima lil-Bouhouth Al-’Ilmiyyah wal-Iftâ, vol-12 p.51